La Belle Lisbonne

Il y a cette première vue de Lisbonne depuis la fenêtre de la cuisine. Et cet air de fado à la radio qui remonte des petites ruelles jusqu'à nous.
Un tableau d'Ana Ventura dans le salon.
Dehors le linge danse le long des façades.
Il y a des potagers de bouts de trottoirs et des mauvaises herbes sur les toits.
Les motifs sont partout. Sur le sol pavé, sur les façades d'azulejos.
Les murs sont peints, les plafonds sont peints.
Aux coins des rues, des graffitis qui parlent du fmi.

Partout des immeubles abandonnés.
Dans les jardins d'immenses bougainvilliers.
Le tramway 28 escalade puis dévale les pentes. Les fenêtres grandes ouvertes, le vent dans les cheveux, on frôle les échafaudages. Derrière nous, des passagers clandestins courent, sautent, s'accrochent aux vieilles portes en bois, dansent et rient.

Le soir les ruelles enguirlandées prennent des airs de fête. Il y a de la joie et des sardines grillées à chaque coin de rue d'Alfama. Santo Antonio est partout.
Un peu plus bas, des femmes en sari se promènent le long des berges. Et le Tage prend des allures de Gange. Lisbonne est un carrefour.

Il y a des cages à oiseaux accrochées aux façades, des mouettes dans le vent et des chiens sur les balcons qui aboient leurs journées.

Ici se mêlent les traces d'un passé faste et les marques de temps bien plus rudes. Lisbonne est un peu cabossée. Et ce sont toutes ces facettes, tous ces éclats qui rendent cette ville si émouvante, si vivante.

Il y a cette ville, ces vies et toutes ces images qui flottent encore dans mon esprit.